Je pensais être d'une nature assez joice, mais manifestement, je me connaissais mal. Cette semaine, je me fais une dégringolade d'humeur proportionnelle aux températures extérieures. Même le vin chaud d'hier soir n'y a rien fait, je suis désespéremment morose. Voilà, si on s'étonnait de mon coté "étrangement sociable et rigolarde pour une artiste", il faut croire que je vais finir par rentrer dans le moule de la décrépitude attendue. J'ai du passer un cap, ma foi.
Du coup, je me suis surprise à avoir subitement envie de peindre! (Dois-je préciser que j'étais vraiment originale comme artiste, du temps où j'étais encore un tant soit peu joyeuse, car je n'avais jamais envie de peindre? ) Incroyable. Je me suis donc dit qu'il fallait absolument sauter sur l'occasion, ne pas attendre que cette envie toute neuve disparaisse, et sortir mes pinceaux toiles et peintures. Ca ne pouvait que bien tomber, comme j'ai deux expos à préparer, et que je suis passablement à la bourre.
Et là, c'est le drame, comme on dit chez les djeunz branchés. Une espèce de force extraterrestre s'obstinait à me pousser à faire une grande peinture d'une glauquitude achevée, le tout en tripatouillant à pleines mains l'acrylique pour l'étaler, sanglante et dégoulinante, sur la toile. A la limite de l'art abstrait (Dois-je préciser qu'à lépoque où j'avais encore un semblant de bonhomie souriante, comme j'étais décidemment très originale comme artiste, je m'obstinais à faire du figuratif?) (Parfois même sous les quolibets insultants des professionnels de l'art et de ses amateurs, *ceux qui s'y connaissent* quoi...) Enfin. Le drame, le vrai, c'est que je n'ai pas le temps de faire des tests de ce genre. En décembre je dois exposer dans le cadre du festival des enfants, au milieu des petits moutons heureux, des cochons roses qui gambadent au milieu de champs de marguerites, des arcs-en -ciel colorés, et des petites filles avec des noeuds dans les cheveux. Alors l'espèce de visage torturé qui pleure du sang avec maquillage qui coule, un papillon mort épinglé sur le front et un chat noir lacérant son crâne... Non.
J'ai fini par opter pour la demi-mesure. C'est plus raisonnable. Ce qui finalement me rassure un peu sur mon état mental, je n'ai pas totalement laché prise: je veille encore à "bosser utile"... (Et les quolibets insultants des professionnels et amateurs d'art *ceux qui s'y connaissent*, peuvent continuer: Faut bien bouffer. ) ... Je ne suis pas sure d'avoir meilleur moral, tout à coup... :-/
Kimono, période heureuse, 40/40 cm, 2005
Toile exposée à Carré d'Artistes.